Evidemment je caricature, mais là où je veux en venir, (pour la probablement dizaine d'entre nous qui a la patience, la passion et aussi un peu le matériel pour faire
un cran au dessus, c'est à dire pas seulement raconter une bonne histoire avec un bon jeu d'acteur, mais vraiment immerger l'auditeur dans l'histoire, faire un truc digne de passer sur une radio,) c'est qu'on a encore des tas de trucs à apprendre simplement sur le son pour véritablement fusionner les voix, les bruitages, la musique, le fond sonore, la dynamique, la reverbe (tout un chapitre la reverbe, que ce soient les outils, l'expérience et les écoutes pour juger du résultat)...
Alors bien sûr, on y parvient, parfois ; bien sûr certains sont particulièrement doués et bien sûr certaines histoires audio sont très probablement aussi bonnes que des productions professionnelles (peut-être pas les meilleures, mais dans la bonne moyenne).
Mais pour en revenir au 5.1, soit on le fait parce qu'il y a une demande de l'auditorat, soit on le fait pour encore progresser dans la maitrise du son.
Demande de l'auditorat ? Franchement je n'y crois pas vraiment. On se cantonne à un fraction bien précise d'auditeurs ceux qui ont le matos idoine.
Progresser dans la maitrise du son ? si l'approche consiste à poser ses sons, ses bruitages non sur une base gauche droite, mais aussi sur une base avant arrière, donc au lieu d'avoir un fader linéaire, on utiliser un panel 2D, où se trouve le challenge technique ?
Il suffit de bien visualier l'environnement de notre histoire, de bien définir les reverbes du lieu et, pour le reste, c'est le logiciel qui fait les calculs. En fait, c'est exactement ce que fait un type qui produit une histoire audio stereo de qualité, bien définir sa mise en scène et bosser ses reverbes. (là encore je caricature, bien sûr)
Tout le travail amont (scenario, mise en scène, jeu d'acteur, enregistrements, nettoyage des pistes) et aval (mastering) ne change pas.
Du coup, est-ce qu'on en apprend plus ? Ben, je ne crois pas. Repérer un compresseur qui pompe
un peu, c'est déjà difficile en stereo et même en mono, pas la peine de rajouter des hauts parleurs pour rendre l'exercice encore plus difficile. (j'ai bien parlé de repérer un
léger pompage, un gros pompage ne posera pas de soucis à la dizaine de créateurs concernés). Juger une queue de reverbe, c'est pareil.
Enfin, on en vient au matos si on veut mixer dans de bonnes conditions (je pars toujours du principe qu'on veut faire un truc de qualité supérieure, et en tout cas supérieure à ce qu'on pourrait faire en 2D, sinon quel serait l'interêt ?).
Qui travaille dans un local traité acoustiquement ? Qui bosse sur des écoutes professionnelles ET calibrées pour le lieu ? Si on fait abstractions des pros parmi nous, ben, on va pas trouver grand monde (moi j'ai des écoutes pro, mais d'entrée de gamme à 300 euros la paire et la calibration, je l'ai faite à l'oreille du mieux que je pouvais, dans un local dont le traitement acoustique est réalisé à coup de piles de bouquins). Je n'ose imaginer l'investissement pour un monitoring décent 5.1 et surtout le temps à passer pour calibrer tout ça, sans compter le besoin de trouver un local qu'on pourra dédier à ce monitoring (parce que poser deux HP devant soi avec suffisament d'espace derrière eux pour éviter les retours de basse, c'est déjà pas toujours facile, mais poser sa table de mixage au milieu de la pièce pour pouvoir distribuer ses 6 hauts parleurs tout autour en leur laissant de l'air, il va falloir choisir entre le studio 5.1 et la salle de billard. Impossible d'avoir les deux, sauf à habiter dans un manoir).
Reste bien sûr la simple, parfois furieuse, envie de faire du 5.1, pour tester, pour le fun ou tout simplement parce qu'on a la possibilité de le faire.
Mais pour ça, pas besoin de justification ni de long débat, just do it.
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